// Olivier Krumbholz « On cesse d’être bon quand on renonce à être meilleur »
A quelques semaines du début de l’Euro féminin qui se tiendra en France du 29 novembre au 16 décembre, Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe nationale a fait halte au Cercle Paul Bert le 11 octobre.
Devant un public (nombreux) composé de partenaires du club, de plusieurs représentants de la Ligue de Bretagne, de joueuses (l’équipe 1 du Cercle était présente au quasi complet), de joueurs, de bénévoles et autres passionné(e)s de hand, Olivier Krumbholz a livré, pêle-mêle, ses réflexions sur l’idée qu’il se fait d’un management d’équipe efficace. L’occasion de quelques punchlines dont il a le secret.
Que faisait le technicien lorrain, deux fois champion du monde comme sélectionneur (2003 et 2017), si loin de ses bases ? Plusieurs raisons ont motivé sa venue dans l’Ouest. La première : un match de Ligue des champions, le samedi suivant, opposant l’équipe féminine de Brest où évoluent plusieurs joueuses de la sélection, aux russes de Rostov-sur-le-Don*. Histoire pour l’ancien pensionnaire de Nationale 1 (Stade messin étudiant club 1976-1986) de passer en revue l’état de forme de quelques unes de ses « artistes », comme il aime à les appeler.
En route pour l’Euro 2018
Si Olivier Krumbholz a fait le déplacement, c’est aussi, explique-t-il en conférence de presse, pour inviter les bretons à suivre en masse l’événement. « Au-delà des résultats de l’équipe de France, l’euro 2018 revêt des enjeux très importants pour le sport féminin en particulier et les femmes plus généralement. On espère qu’elles seront nos premières supportrices ».
Pourquoi avoir choisi un arrêt au Cercle Paul Bert de Rennes ? Parce que la capitale bretonne se trouve au Carrefour de Brest et Nantes, deux villes qui accueilleront la compétition (en plus de Montbéliard, Nancy et Paris). « Le Cercle, ajoute-t-il, est un gros club dont l’équipe première n’évolue pas au plus haut niveau mais qui se distingue par son dynamisme associatif. C’est dans un tel environnement que la fonction sociale du Handball s’exprime à plein ».
Les ingrédients de la réussite
A propos du statut de favori de l’équipe française, championne du monde il y a quelques mois, Olivier Krumbholz, ne fait pas dans la langue de bois : « Bien sûr qu’on compte parmi les équipes dont il faut se méfier ». Attention toutefois, précise-t-il dans la foulée : « La pire des erreurs serait de croire qu’après cette coupe du monde on est devenu dépositaire d’un savoir-faire de réussite. On cesse d’être bon quand on renonce à être meilleur ».
Pour lui, le carburant de la réussite tient en plusieurs mots : ambition, conviction, passion, enthousiasme et maîtrise émotionnelle. Il insiste plus particulièrement sur ce dernier point : « Dans le sport de haut niveau, il faut se laisser traverser par les émotions. L’angoisse et la culpabilité notamment sont deux sentiments à évacuer absolument ».
Le secret de ses sources
Une rencontre qui semble mal embarquée, l’adversaire qui se détache, une exclusion mal venue… Chassez les angoisses et accrochez vous au pinceau. Tout peut se passer sur un terrain de hand. A ses joueuses, il rappelle au besoin, citant l’ouvrage du philosophe Alain, Propos sur le bonheur, que « le pessimisme est d’humeur alors que l’optimisme est de volonté ». Autrement dit, le mental, ça se cultive et ça s’entretient.
On l’a dit, l’homme est amateur de bonnes formules. Autre mantra « krumbholzeque », emprunté cette fois-ci à la fable de Jean de La Fontaine, le Renard et le bouc : « En toute chose considère la fin ». Et Olivier Krumbholz d’évoquer pour appuyer ses dires la fin épique de la finale de 2003 remportée par les françaises en prolongation contre la Hongrie. « On était mené de 7 buts à 7 minutes de la fin. On a forcé la prolongation et l’équipe a finalement gagné. On n’a plus jamais vu une telle remontada ».
Ensemble, ne jamais rien lâcher
Le 11 décembre 2016, à Göteborg lors de l’Euro féminin, il avait gratifié Allison Pineau du même propos après que la joueuse eut inscrit un but d’anthologie contre l’Espagne permettant aux françaises de l’emporter à l’ultime seconde. L’équipe de France avait terminé à la troisième place du tournoi.
Espérons que la handballeuse de Brest sera aussi inspirée lors de l’Euro français. Cette compétition, Olivier Krumbholz a demandé aux joueuses de l’aborder avec « sororité (solidarité entre femmes, ndlr) et humilité ». De son groupe, il salue la force collective, l’homogénéité et le caractère métissé. Souhaitons lui ainsi qu’aux « artistes » de l’équipe française de handball un excellent euro 2018.
* Brest et Rostov-sur-le-Don se sont quittées sur un match nul (29-29), le premier point de l’histoire en ligue des champions, glané par les finistériennes. La semaine suivante, elles ont empoché leur première victoire dans la compétition en disposant des suédoises de Savehöf (27-39).
23 octobre 2018