// N1M. Romain Charrier : « Le sentiment d’avoir eu de la chance »
Arrivé en 2010 dans la Team CPB, notre demi-centre, Romain Charrier, quitte le club pour s’installer en région parisienne et débuter une nouvelle aventure professionnelle ! Retour avec lui sur ces 10 ans de handball au CPB Rennes.
Comment vas-tu ? Comment se passe ton confinement ?
Salut à tous, je vais bien, après avoir été malade suite à un séjour scolaire (Covid19 ? on ne sait pas) j’ai complètement récupéré et je suis en pleine forme, certainement lié à mes conditions de confinement. Car à la maison, on cuisine 100% de nos repas avec de supers produits, et surtout des supers colocs qui viennent de gagner leurs troisièmes étoiles au Guide Michelin et on essaye de s’astreindre à une séance de sport intense tous les deux jours, autre que le Baby-foot. Tout le monde n’a pas cette chance et certains se retrouves dans des espaces restreints avec des enfants en bas âge… Ou d’autres ont encore un jardin.. On ne vit pas tous les mêmes moments, mais je me sens privilégié.
Tu t’es blessé en milieu de saison, es-tu remis de la blessure ?
Oui, c’était à Boulogne en phase allée : un truc pas banal, impliquant un ligament arraché, du cartilage fissuré, un bout de cartilage qui se balade dans la cheville et une ancienne fracture qui s’est réveillée pour ajouter un peu de douleur. On peut dire, que j’ai bien récupéré, je peux faire des entrainements, mais je suis à environ 70% de mon maximum. Je ne peux pas très bien sauter et j’ai des difficultés sur les rotations, flexions (ma cheville n’a pas toute sa mobilité). Il faudra certainement passer par une opération, pour nettoyer tout ça et infiltrer tous les ans tant que je pratique du sport.
Pour des raisons professionnelles, tu quittes la Team CPB et tu rejoins la région parisienne, quel est ton sentiment aujourd’hui ?
Le sentiment d’avoir eu de la chance. La chance d’être arrivé à Rennes pour un projet professionnel que « 2 Franck » Prouff et Roussel, m’ont aidé à mettre en place, merci à eux. La chance d’avoir pu jouer avec des mecs supers et d’avoir pu faire monter le club par 2 fois (ben oui, on était descendu entre temps, mais ça on n’en parle pas trop !). La chance d’avoir eu Francky coach de longues années, avec lequel on a pu évolué en parallèle (le coté rage, m’a progressivement quitté pour aller chez Franck, puis on s’est tous les deux assagis. Ce n’était pas gagné…), mais surtout pour avoir eu d’autres entraîneurs, je considère que c’était vraiment chouette. La chance d’avoir connu différentes époques à Géniaux (même si je n’ai pas connu le bar dans l’autre sens..), la période chanson paillarde (montée 2009) avec Bamby, la période aviron bayonnais, la période lancement saint Patrick, la période actuelle. Pour finir la chance d’avoir joué avec des joueurs d’exceptions sur le terrain et dans la vie. En particulier Julien Morel, sous côté dans les milieux du taille 3. Tout ça n’a rien à voir avec le hand. Le hand, c’est ce qui nous rassemble, l’à coté, c’est ce qui nous unis. Je n’imagine pas l’un sans l’autre et c’est la philosophie de beaucoup de gens du club.
Tu as passé 10 ans à Rennes, quels souvenirs gardes-tu de toutes ces années ?
Rennes, c’est une belle ville, où il fait bon vivre, je trouve que la politique de la ville pour rendre la vie meilleure aux Rennais, et en essayant d’aller vers une ville plus verte, plus cycliste, plus piétonne avec de nombreux marchés locaux, est une ville ambitieuse et portée vers l’avenir. Par ailleurs, les nombreux établissements pour se retrouver entre copains ne manquent pas et le tissu associatif est dense. À Rennes, on ne s’ennuie pas, si c’est le cas, venez le samedi soir Rue Charles Géniaux.
J’en garderai forcement un super souvenir et avec de la chance, j’arriverai peut-être à revenir un jour, proche des copains qui s’y sont installés.
Si tu devais retenir 1 moment de ces 10 ans, tu choisirai lequel ?
Question trop difficile, alors je botte un peu en touche sur celle-là, en disant la saison de notre première montée. Je venais d’arriver dans l’équipe constituée d’anciens, dont la réputation n’était plus à faire, tant roublards et aguerris sur le terrain qu’au comptoir. Cette année-là, nous avons mis un peu de temps à bien jouer ensemble, mais sur la phase retour nous n’avons plus perdu un seul match, et c’était le feu à chaque match et à chaque déplacement. Pour moi, le Géniaux de cette époque est irremplaçable, bien que si tu tendes bien l’oreille, quelques gars expérimentés du club te parlent d’époques ou le bar était dans l’autre sens, ou les mecs jouaient de la cornemuse ou d’autres qui avaient des bras en béton et en acier…
Je me souviens que cette année-là la dynamique collective était tellement puissante qu’elle nous poussait à s’entraîner très dur pour être bons, mais qu’elle nous poussait également dans la connerie hors des terrains. Par exemple ce match à Cesson, « style league dech », ou nous étions tous allé en costume au match, après avoir bu une pinte d’avant match en terrasse. Ou encore l’apéro pré match avec Oliv et Babar avant de jouer le deuxième du championnat, +17 à la maison… Mais il faut préciser que c’était toujours 1 bolée, car après la détente, on se mettait à fond dans le match. En y réfléchissant bien, le coup ou Franck essaye de casser sa tablette sur son genou après que Galinge ait fait des montées de genoux dans la zone avec la balle en croyant que le match était gagné contre Saran et le but qu’on prend sur coup franc direct, car notre mur était mal placé, me fait toujours rire, tant on avait mis de conneries collectives en 30 secondes.
Tu es le dernier des joueurs qui ont participé à la première année de N1 au CPB (2011/2012), comment vois tu cette évolution ?
On peut à la fois parler d’évolution, mais aussi de stabilité. Concernant les gars, je trouve qu’il y a eu une structuration progressive pour essayer de tendre vers un fonctionnement qui permette à la fois d’assurer la formation de jeunes joueurs et arbitres (et ça, c’est super), et d’essayer d’être relativement pro dans le fonctionnement de ses équipes, tout en gardant l’esprit convivial du Cercle. C’est aussi le cas pour les filles, qui sont plus dans une phase d’ascension de l’équipe, il faudra assurer la formation. Mais le club est bien piloté, avec des gens intelligents et peut compter sur ses adhérents.
Globalement, toutes les équipes montent et se pérennisent aux meilleurs niveaux jeunes et seniors amateurs. Difficile de faire mieux ! Concernant la stabilité, si l’on regarde les joueurs, les dirigeants, les bénévoles, je pense qu’on serait dans le top 10 « durée et fidélité » des clubs. Par exemple Hugo, qui est là depuis qu’il doit avoir 2 ans et qui s’occupe de tellement de choses pour le club, je pense aussi au comité directeur, mais aussi aux plus anciens qui ne ratent pas un match et avec qui j’ai plaisir d’aller converser après le match pour leur demander leurs avis. Si tu regardes bien à Géniaux, il y a toujours une table d’anciens. Eux te parleraient d’époque du CPB que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître.
Que peux-tu retenir de cette dernière saison et cette dernière équipe ?
Comme à l’accoutumée, cette équipe a du cœur et est solidaire, c’est souvent la première qualité recherchée chez les uns et les autres que l’on recrute dans l’équipe. Nous essayons de briller par notre collectif et non par nos additions d’individualités. On préfère mille fois un mec moins bon techniquement et tactiquement qui ne rate pas d’entraînements et qui se donne sur le terrain, que l’inverse. Car dans les moments difficiles, tu sais sur qui tu peux compter, et nombreux sont ces matchs ! C’est aussi valable dans la vie. Comme souvent, on nous demande notre avis sur les joueurs que l’on recrute, nous avons rarement de mauvaises surprises.
Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la montée en puissance de certains jeunes (enfin, pour moi, en réalité, ce sont des vieux dans l’équipe) dans la dynamique collective (prise de parole dans les vestiaires, implication dans les entraînements…) Merci pour cette dernière saison aux coéquipiers et au Coach Pierre, et merci aux différentes générations avec qui j’ai pu partager la baballe ronde.
Un petit message à dire aux supporters ?
Pour les supporters, qui sont en réalité dans le club d’une manière ou d’une autre souvent très impliqué dans son fonctionnement, car ils sont aussi anciens joueurs, bénévoles, dirigeants, piliers de comptoir, un énorme merci pour toutes ces belles années, pour votre soutient, pour ces moments de joies partagés tant de fois. Il est maintenant temps de passer la barrière pour vous rejoindre ainsi que les copains dans les tribunes et de laisser place aux jeunes pour nous faire vibrer !
Romain Charrier vu par…Jean-Baptiste Laz
Coéquipiers au Pôle Espoirs de Cesson-Sévigné lors de leurs années lycée et depuis 2012 avec la Team CPB, Jean-Baptiste Laz nous livre un beau message sur son ami Romain Charrier…
« Et voilà, « chichi » s’en va… Bon c’est pour une très bonne raison! D’ailleurs je lui tire mon chapeau pour ce qu’il a fait ces dernières années d’un point de vue professionnel : se dire un 14 juillet, à Ljubjana, qu’il plaquait tous ses projets là-bas et qu’il deviendrait prof d’EPS ! Le mec passe d’un travail dans la logistique à enseignant d’EPS en un claquement de doigts (enfin après avoir saigné son cerveau comme jamais), chapeau ! Le tout en conservant une pratique de haut niveau.
En ce qui concerne le handball, c’est le joueur de champ avec qui j’ai le plus joué. « Chichi » va énormément nous manquer, c’était notre demi-centre, notre cerveau de l’équipe (enfin par moments…) pendant 9 ans, ce n’est pas rien. D’ailleurs en rentrant de Slovénie, il revient sur la pointe des pieds et redevient indispensable en 2 mois. Et s’il est revenu ce n’est pas pour rien, son attachement aux copains et au club était trop fort pour rester à des milliers de kilomètres de son chez soi.
Pour revenir au « cerveau » de l’équipe, il ne faut pas oublier qu’il nous en a fait des belles le petit… Comme lors de la dernière minute du match de coupe contre Lanester l’année dernière mais aussi lors d’un fameux match à domicile contre Pau-Nousty où on menait de 3 buts et enfin de compte on termine au match nul avec un Chichi de gala qui se transforme en poussin palois ! De beaux souvenirs…
En dehors du joueur, « Chichi » est surtout devenu un ami, mon meilleur ami, ce n’est pas pour rien qu’il est devenu le parrain de notre fille (désolé mon Gwendi). Cela était une évidence pour moi, on se connaît depuis nos 14 ans, on a fait notre pôle espoir ensemble, 3 ans dans la même classe, 2 ans dans la même chambre, ça crée forcément des liens indéfectibles. « Chichi » est quelqu’un sur qui on peut compter, quelqu’un d’entier (on le voit bien sur les jeux d’échauffement, Riton doit encore s’en souvenir, merci Mous…), quelqu’un qui déteste l’injustice, intègre, avec des convictions fortes et très ouvert à découvrir le monde et tout ce qu’on peut faire. D’ailleurs, il va bien me manquer pour terminer le chantier de notre maison, c’est notre bricoleur de la famille ! En arrêtant le hand, je sais qu’il ne va pas s’ennuyer, qu’il va trouver d’autres activités, d’autres centres d’intérêt. Le foot gaélique notamment, le veinard ! Et s’il va vers ce nouveau sport, ce n’est pas pour rien, car la vie de groupe était plus essentiel pour lui que le handball en lui-même. Dans une équipe qui ne s’entend pas bien, Chichi n’aurait jamais été bon, il lui faut ce climat de confiance et de fraternité pour s’exprimer.
Voilà, « Chichi » s’en va vers d’autres aventures, il va nous manquer au club, aux dirigeants, au staff, aux joueurs et surtout énormément me manquer au quotidien. Mais il saura être présent à Géniaux pour les grands événements, notamment autour de chaque 17 mars ! Et puis, l’année prochaine, je serai la dernier trentenaire de l’équipe, ça commence à sentir le sapin cette histoire pour moi…
Un grand merci Romain !
Le club te souhaite bon courage pour ta nouvelle aventure professionnelle !
8 avril 2020