// Lucas Vax : « il faut se remettre en question constamment »
À la suite du départ d’Emmanuel Marty, le CPB Hand a privilégié la solution interne et promu Lucas Vax à la tête de son équipe première. Au club depuis trois ans, le nouvel entraîneur cercliste arrive en terrain connu, non sans ambitions, et nous raconte ses premiers pas avec la « Team CPB ».
À ton arrivée au CPB, avais-tu déjà en tête de reprendre un jour l’équipe première ?
Effectivement, c’était un objectif que je m’étais fixé, mais plutôt à terme. Le départ de Manu à la fin de sa deuxième année sur le banc a un petit peu accéléré les choses. Mais quand les dirigeants m’ont proposé le poste, j’ai évidemment accepté.
Comment s’est faite la transition ?
Tout s’est accéléré vers mars-avril, quand Manu a annoncé son départ. Les dirigeants m’ont tout de suite proposé un entretien, notamment avec Gaëlig Labbé, ce qui m’a donné du temps pour faire la transition. Manu m’a ensuite ouvert les portes de l’équipe première, comme Pierre Le Meur avait pu le faire avec lui auparavant, et nous avons beaucoup échangé sur le projet. J’ai pu être sur le banc lors de deux matchs à Géniaux, face à Rezé et Pouzauges, et j’ai également pris part au déplacement à Ivry. C’était de l’observation, mais cela m’a permis de voir comment le groupe fonctionnait. Ça permet également d’apprendre à mieux se connaître et tout cela m’a fait gagner un petit peu de temps au moment reprendre le groupe. Et je suis aussi responsable de la filière masculine.
Contrairement à Emmanuel Marty, tu as la réputation d’être davantage dans la retenue…
C’est vrai que j’ai tendance à être calme et à prendre plus de recul, mais ce n’est pas tout le temps linéaire. Le meilleur exemple, c’est lors de notre dernier match à Géniaux contre l’Union Sud Mayenne. Nous étions sur trois défaites d’affilée et je n’ai jamais autant gesticulé sur le banc de touche. Je suis plutôt calme en général, mais en fonction de l’enjeu, cela peut changer.
Avant de reprendre l’équipe première, tu t’occupais des jeunes du club. Quelles sont les différences avec un groupe senior ?
La plus grosse différence entre les jeunes et la Nationale 1, c’est l’aspect performance. Avec les jeunes, l’aspect formation est fondamental. Si l’on perd, mais que ça permet aux jeunes de progresser, c’est bénéfique. Là, j’ai un groupe de compétiteurs et il y a une attente au niveau des résultats.
Qu’as-tu découvert concernant la gestion d’un groupe d’adultes ?
Avant de les considérer comme des joueurs de N1, ce sont des gens qui viennent après leur travail ou après leurs études, et tu leur demandes d’abord comment s’est passée leur journée. Un mec qui sort d’une grosse journée ou qui a un enfant malade à la maison, il fait quand même l’effort de donner, il faut être à l’écoute. Ensuite, au sein du groupe, il faut jauger le statut de chacun. Il y a des jeunes qui poussent pour prendre des minutes et il faut trouver le meilleur moyen de communiquer entre les différents rôles afin que tout le monde tire dans le même sens. Certes, c’est une équipe, mais c’est aussi une somme d’individus avec des personnalités différentes. Certains ont besoin parfois d’être un peu bougés, et pour d’autres, la discussion se fera plutôt en « off » une fois la pression redescendue. Il faut réussir à construire un langage commun.
« Il y a la satisfaction de bien défendre et ça enlève aussi de la pression en attaque, le ballon pèse moins lourd, car nous savons que nous avons la capacité de récupérer des munitions »
Comment s’est passée la préparation ?
Nous avons commencé fin juillet. Au préalable, pendant la coupure, les gars ont reçu un programme individuel pour être au moins prêts à reprendre collectivement. Après cet entretien individuel, nous avons repris par des examens pour voir les charges et les volumes de travail que nous pouvions mettre en place. Il y a ensuite eu la préparation physique, avec de la course et de la musculation, puis du handball et 4 matchs amicaux.
Est-ce un confort pour un entraîneur de repartir avec un groupe quasiment inchangé ?
Alors oui, c’est un confort, mais ça peut aussi parfois être un point faible. Ils connaissent parfaitement le club et l’ADN cercliste, et c’est un groupe de copains avec de la bonne humeur. Il y a également des moments de partage et de fête avec les bénévoles à Géniaux. C’est toujours un plus. Là où ça peut être parfois un point faible, c’est si les moments conviviaux prennent le dessus sur la rigueur et l’exigence de la N1, car il y a aussi de la performance et il faut se remettre en question et progresser constamment.
Sportivement, comment juges-tu le début de saison ?
Nous avons deux parties bien distinctes. Il y a un premier bloc de trois matchs où nous en remportons deux à la maison avec de l’impact et en défendant bien. Nous perdons à l’extérieur dans la dernière minute à Saint-Cyr, mais il y avait aussi des anciens joueurs de haut niveau en face et nous ne sommes pas loin de le gagner. Le match à Cesson nous a fait un peu mal à la tête. Nous menons de quatre buts à un quart d’heure de la fin de match, mais nous nous frustrons à la suite de quelques décisions arbitrales. Avec l’expérience que nous avons, nous avions moyen de gagner ce match. Ensuite, nous faisons un non-match contre la réserve de Nantes. Nous avons encore eu du mal à nous relancer à Rezé avec, sans doute, encore des petits bobos à la tête. Le handball et les qualités intrinsèques, ils les ont. Il fallait retrouver de la confiance dans le projet avec davantage d’agressivité et de combat. Nous avons ensuite réalisé une grosse prestation contre l’Union Sud Mayenne et nous avons un petit peu remis les points sur les « i ». Ça a redonné de la confiance pour aller s’imposer à Libourne ensuite. Le meilleur moyen de relancer la machine, ça reste de gagner.
L’aspect défensif reste aussi un élément essentiel au CPB…
La culture du CPB, c’est le don de soi, et ça a été transmis par tous les joueurs qui sont passés au club. C’est un marqueur fort de notre identité et c’est logique que je reste là-dedans. Même si j’apporte ma touche, ma conviction sur l’approche défensive, c’est que si on arrive à tenir l’adversaire à 25 buts, on aura nos chances. Il y a la satisfaction de bien défendre et ça enlève aussi de la pression en attaque, le ballon pèse moins lourd, car nous savons que nous avons la capacité de récupérer des munitions.
Que peut viser ce groupe cette saison ?
Avec la qualité que nous avons, nous pouvons viser le podium. Évidemment, une saison est très longue et il y a des facteurs qui peuvent rentrer en compte comme les blessures, mais nous avons une carte à jouer. Nous avons connu un petit passage difficile, mais le groupe a relevé la tête et on va continuer à travailler pour se donner les moyens de nos ambitions. L’indication que l’on peut ressortir de cette poule et de ce début de championnat, c’est que tout le monde peut battre tout le monde, et cela pourrait être indécis jusqu’au bout.
Recueilli par Adrien Maudet
Journal Rennes Sports
6 novembre 2024